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sábado, 23 de abril de 2011

Colombie : Violée à 30 mètres d’un poste militaire, au pays des « prisons Resort » pour militaires…

Colombie : Violée à 30 mètres d’un poste militaire, au pays des « prisons parcs de loisir » pour militaires…


Azalea ROBLES


« (…) Sur le trajet il y avait deux groupes de militaires, l’un à 30 mètres et le second à 50 mètres de ce dernier, devant lesquels, de façon inexplicable, l’agresseur est passé ; la victime a été jetée dans un ravin, à seulement 30 mètres de l’endroit où se situait le dernier groupe de militaires », révèle le CPDH.
« (…) Plusieurs des militaires condamnés continuent à gérer leurs biens et leurs affaires sur ces lieux-mêmes, par exemple le lieutemant-colonnel Pulido, condamné en tant que responsable du massacre de La Cabuya où, le 20 novembre 1998, furent assassinés cinq paysans, dont une femme enceinte de 7 mois. Le restaurant, propriété de cet ex-officier, s’appelle « Héros ». (…) Hebdomadaire Semana.
« Il y a environ un an, le caporal Blandón Vargas Humberto a pu s’en aller tranquillement passer toute la Semaine Sainte, avec toute sa famille, à l’Hôtel Kosta Azul, à San Andrés. Il a rapporté de là-bas, pour offrir, des tee-shirts très chics », raconte un soldatBlandón a été condamné pour séquestration, torture et homicide d’un groupe de paysans d’Antioquia (…)
Le nombre des agressions, des traitements dégradants, des viols et des crimes dont sont victimes les femmes et les fillettes, en Colombie, connaît une augmentation dramatique : la pauvreté, la marginalisation et la dégradation morale distillée par les médias pour légitimer les valeurs maffieuses d’un système qui provoque plus que jamais les inégalités sociales, la violence répressive et le contrôle social sont un terrain fertile pour les agressions contre les femmes. Les femmes sont le bouc émissaire d’une société machiste dont les frustrations sont élevées à la puissance maximum par une violence structurelle en constante expansion. En même temps que régresse l’accès à la santé, à l’éducation, au logement, à l’emploi… augmente la violence structurelle que génèrent les mécanismes de spoliation et la monopolisation du capital. Et s’ajoute à ce qui précède un facteur déterminant qui caractérise la Colombie : les viols et les meurtres de femmes et de fillettes sont en train de se généraliser, encouragés par l’impunité systématique qui prévaut pour les crimes d’Etat. Ce constat fait de l’impunité un sujet central dans le combat pour le respect dû aux femmes comme c’est un sujet central sur la voie de la paix et de la justice sociale en Colombie.
L’impunité dont jouissent les militaires, les paramilitaires et les grands propriétaires terriens amplifie le caractère systématique des viols commis sur des femmes en Colombie. Les crimes et l’impunité qui entourent les viols et les assassinats des enfants d’Arauca occupée par l’armée (1), les scandales des « clubs de détente  » dans lesquels le très petit nombre de militaires condamnés purgent leurs peines, l’insolence avec laquelle les violeurs, citoyens des Etats-Unis, échappent à la justice colombienne (2), le nombre aberrant de fillettes paysanes chassées de leur terre qui vivent en esclavage, à la merci de caciques latifundistes, soulignent le lien macabre qui existe entre l’augmentation dramatique du nombre des viols et les privilèges d’immunité et d’impunité dont jouissent les criminels. La Colombie et le Mexique sont deux pays dans lesquels le nombre de meurtres de femmes atteint des sommets d’épouvante : leur dénominateur commun, mis à part la pauvreté que connaissent ces deux pays, c’est l’impunité pour les crimes d’Etat et la dégradation sociale qu’elle entraîne. Dans ces deux pays, on assiste à une intense répression et à un contrôle social exercés par l’Etat contre la population civile tandis que les groupes paramilitaires et les narcotrafiquants, intimement intégrés à l’Etat, font triompher leurs valeurs. Le Mexique connaît une augmentation du rôle des « conseillers militaires étatsuniens »avec l’augmentation des atteintes aux Droits de l’Homme que cela entraîne : tout comme on a pu le constater concrètement en Colombie depuis que les conseillers militaires étatsuniens forment les militaires colombiens aux méthodes de la contre-guérilla. La plus grande fosse commune du continent américain a été découverte à la Macarena, en Colombie : 2.000 cadavres de personnes « disparues » par l’armée ont été découverts après le passage du Bataillon de la Force Omega du Plan Colombie qui bénéficie d’un encadrement étatsunien resserré (3).

Violée à 30 mètres d’un poste militaire.
Au debut du mois d’avril, le CPDH a rendu public un nouveau cas de viol imputable à un militaire dans un climat d’impunité totale : une femme violée et poignardée par un militaire, à 30 mètres d’un poste militaire, le 3 avril 2011. La femme se trouve entre la vie et la mort ; son agresseur, un militaire, a été identifié, arrêté et remis en liberté ; le groupe de soldats « aveugles » a été muté (4). Le CPDH revèle : « Elle a été agressée à l’arme blanche ; elle a subi plusieurs blessures sur des parties vitales de son corps qui constituent autant de traitements cruels, inhumains et dégradants et elle a été violée ; sur le trajet, il y avait deux groupes de militaires, l’un à 30 mètres et le second à 50 mètres de ce dernier devant lesquels, de façon inexplicable, l’agresseur est passé ; la victime a été jetée dans un ravin à seulement 30 mètres de l’endroit où était posté le dernier groupe de militaires (…) On a pu identifier l’agreseur présumé qui est un militaire engagé dans l’Armée Nationale (J. Jésus Advincula Delgado) (…) En raison du peu d’empressement mis à relever les élements à charge et à faire ce qui était urgent, il a été laissé en liberté et mis à la disposition des autorités militaires, mais il est tout à fait légitime de fonder des craintes, car il est actuellement en liberté, sans aucune restriction légale et, en outre, les militaires qui se trouvaient à La Victoria, le 3 avril dernier, tout près de la scène du crime, ont été transférés hors de la zone.  » (ibid). C’est là une parmi les milliers de plaintes déposées pour viol de femmes et de fillettes commis par les forces publiques de Colombie : dans la presque totalité des cas, ces plaintes n’aboutissent jamais ; le système lui-même les fait avorter en s’aidant du peu d’empressement à recueillir les éléments à charge et de la menace ou de l’assassinat à l’encontre des plaignants. Par ailleurs, les plaintes sont la pointe de l’iceberg : porter plainte, pour viol, contre les forces publiques est un acte qui exige un courage extrême, en Colombie, parce que cela peut coûter la vie au plaigant. On est donc autorisé à déduire que le nombre de plaintes est bien inférieur au nombre d’agressions sans dépôt de plainte. En outre, sur le nombre total de plaintes, l’impunité concerne 99% des cas et, lorsqu’il y a condamnation, celle-ci est totalement illusoire et les violeurs ne finissent pas en prison, mais « purgent leur peine  » dans une base militaire où ils disposent de terrains de sport, de restaurants, de piscines… de tout le confort (5). Le caractère systématique de ces crimes et l’impunité systématique dont jouissent les militaires souligne le fait que les viols de la part des militaires sortent de la vague et irresponsable définition des « dommages collatéraux d’un conflit » ; ce sont des actes qui font partie d’un terrorisme d’Etat.

Prisons dorées et vacances aux Caraïbes payées avec de l’argent public pour des militaires « condamnés » par la justice.
Les militaires « condamnés à des peines de prison  », en Colombie, sortent quand ils veulent de leur « prison » et vont passer quelques semaines de vacances aux Caraïbes, payées par le budget public- (6) Semana nous décrit le « Tolemaida Resort  » : « Il y a des prisonniers qui ont passé des vacances à San Andrés et à Cartagena (…) Des sous-officiers et des soldats, non seulement n’ont pas été mis à pied, mais ils continuent à percevoir, en prison, une partie de la solde qu’ils touchaient antérieurement et d’autres avantages comme, par exemple, celui de continuer à cotiser pour leur retraite. Certains ont demandé leur mise à la retraite. Certains, même, ont été promu au grade supérieur durant leur incarcération (…) Plusieurs des militaires condamnés continuent, depuis la prison, à gérer leurs affaires personnelles, par exemple le lieutenant-colonnel Orlando Pulido, condamné à 30 ans comme responsable du massacre de La Cabuya où, le 20 novembre 1998, furent assassinés cinq paysans, dont une femme enceinte de 7 mois. Le restaurant géré par cet ex-officier s’appelle « Héros ». (…) Les maisons y ressemblent davantage aux chalets d’une station balnéaire qu’aux bâtiments d’un pénitencier. La plupart sont équipées de climatisation, Internet, télévision par satellite, parmi d’autres éléments de confort « (ibid)
C’est dans ces conditions de « Resort  » que vivent les tortionnaires, les violeurs les responsables de massacres et leur confort est assuré par les généraux de haut rang : « Sont arrivés les gens des AFEUR (Agrupación de Fuerzas Especiales Urbanas/ Groupement des Forces Spéciales Urbaines) de la IVº Brigade de Medellín, condamnés suite à l’opération Orión et aux « disparitions forcées ». Egalement les militaires des Gaulas condamnés pour « faux positifs » [assassinats prémédités de civils pour déguiser leurs cadavres et faire croire qu’ils étaient des guerrilleros morts au combat et toucher ainsi les primes afférentes] ou bien les gars du Bataillon La Popa, de Valledupar, condamés pour « faux positifs » et ceux de la VIº Brigade, condamnés pour des meurtres semblables à ceux de Cajamarca où furent assassinés plusieurs paysans, en 2004, ou bien les massacres (une série de 20 exécutions en 2003) de Viotá - raconte un des internés - Là, les commandants ont commencé à offrir des bungalows pour tous ces hommes. Le général Montoya en a offert environ 4 ou 5 aux soldats des AFEUR. Le général Oscar González aussi a entrepris de faire construire 8 ou 10 bungalows. Ils nous ont beaucoup aidés. Le général Montoya est venu au moins un dizaine de fois ici et le général González plus de 20 fois. Chaque fois qu’ils venaient à Tolemaida, ils nous demandaient de quoi nous avions besoin (…) explique le détenu. » (ibid).
Les militaires « détenus », en Colombie, se payent même le luxe de vivre en dehors de leur prison dorée. « Ils entraient et sortaient librement de leur prison de Tolemaida ; ils s’offraient le luxe de vivre en dehors du pénitencier et de la base. Un exemple : celui du soldat engagé volontaire Santiago Escudero Uribe, condamné à 35 annnées de prison pour l’assassinat de deux paysans, à Antioquia, qu’il fit passer pour membres de l’ELN morts au combat. Le soldat vivait fréquemment dans une luxeuse demeure de cet ensemble (…) où vivait sa famille. Là, il est connu comme étant le propriétaire de plusieurs boulangeries à Melgar », (ibid). Les militaires condamnés voyagent, prennent des vols commerciaux et partent dans les îles, aux Caraïbes : « Il y a environ un an, le caporal Blandón Vargas Humberto a pu partir très tranquillement passer la Semaine Sainte, avec toute sa famille, à l’Hotel Kosta Azul, à San Andrés. Il a rapporté de là-bas, en guise de cadeau, plusieur tee-shirts très chics  » raconte un soldat. « Blandón a été arrêté en 2001 et condamné à 40 années de prison pour séquestration, torture et homicide d’un groupe de paysans d’Antioquia lorsqu’il faisait partie du Bataillon Juan del Corral, de la IVº Brigade  » (ibid).
Il y a, actuellement, 843 membres des Forces Armées Nationales aux arrêts dans des centres de vacances de « réclusion » : 174 membres de l’Armée de Terre, 648 de la Police, 13 de la Marine, 8 des Forces Aériennes. Et dans les 9 « centres spéciaux de réclusion » qui dépendent de l’Armée, il y a 942 condamnés (7).
La révélation du scandale des « Prisons Resort  » pour militaires colombiens n’a été suivi d’aucun changement. A la proposition du ministre de l’Intérieur et de la Justice, Vargas Lleras, de faire transférer les militaires condamnés dans des prisons véritables, Rodrigo Rivera, ministre de la Défense, a déclaré, sans la moindre pudeur, que « les nouveaux centres pénitenciaires spéciaux situés à l’intérieur des bataillons des Forces Armées dans différentes zones du pays sont conformes à toutes les règles constitutionnelles »,  (ibid), et qu’il considère donc inopportun de transférer les militaires dans de vraies prisons. Le général Alejandro Navas, chef des Armées, a considéré, sans honte, qu’ « il n’est pas nécessaire de transférer un plus grand nombre de militaires condamnés dans les centres de détention civils, car l’Armée a tout à fait les moyens de gérer ses centres de détention et d’accueiller ses internés ». (ibid).
L’impunité ou bien, à sa place, « la prison Resort  » est la récompense que l’Etat colombien accorde aux militaires qui violent les Droits de l’Homme. Cela souligne, une fois de plus, que les atteintes aux Droits de l’Homme de la part des membres des forces publiques sont protégés par l’Etat colombien. Cela s’inscrit dans une doctrine qui définit la politique de contre-guerrilla et dans ce pervers concept militaire d’ « ennemi de l’intérieur » selon lequel « l’ennemi de l’intérieur » c’est la population civile (8). Le viol fait partie de la stratégie du terrorisme d’Etat contre la population civile et son développement exponentiel résulte de son impunité systématique.
Dans la doctrine militaire de la contre-guerilla entrent la torture et la terreur exercées sur la population civile dans le double but de déplacer les populations des zones à haut intérêt économique et de faire taire les revendications sociales. La terreur cherche à paralyser la population et à empêcher qu’elle s’organise. C’est du contrôle social. L’outil paramilitaire de la confiscation des terres fait partie de cette stratégie gouvernementale : cette spoliation est financée par des multinationales, par les grands propriétaires terriens et par l’Etat ; elle est appliquée en coordination avec l’Armée (9). Rien qu’entre juin 2005 et décembre 2010, cet outil paramilitaire a commis au moins 173.183 assassinats , 1.597 massacres, 36.467 personnes portées « disparues forcées » et, au moins, 74.990 déportations forcées, selon le rapport de janvier 2011 du Ministère de la Justice. Le drame que constitue cette agression de l’outil paramilitaire et de la Force Publique contre la population civile, en Colombie, est passé sous silence. Aussi longtemps que sera en vigeur la doctrine militaire de « l’ennemi de l’intérieur » et que prévaudra l’impunité systématique pour les crimes d’Etat, en Colombie, la violence sexuelle et l’assassinat des femmes continueront leur dramatique croissance exponentielle.
Azalea Robles
Ce texte fait partie d’une enquête sur l’impunité, en Colombie ; c’est un chapitre du texte de Azalea Robles : « Les 50 fillettes violées par El Patrón, la juge assassinée, l’impunité et ses euphémismes ».
Traduction M. Colinas pour le Grand Soir
Notes :
1) - Les crimes et l’impunité qui entourent le viol et l’assassinat des enfants de Arauca par des militaires. Impunité pour la poursuite de la Statégie de la Terreur : http://www.rebelion.org/noticia.php?id=116639
Assassinat de la juge qui instruisait l’affaire des enfants violés et assassinés par l’Armée de Colombie :http://www.rebelion.org/noticia.php?id=125003&titular=asesinada-una-jueza-que-llevaba-el-caso-de-los-ni%F1os-violados-y-asesinados-por-el-
(2)- les violeurs étatsuniens échappent à la justice. Viols commis par des militaires étatsuniens en Colombie :http://www.youtube.com/watch?v=uES0FUadSD4http://www.youtube.com/watch?v=Pto-DAxAMi0
La Cour Constitutionnelle a déclaré inconstitutionnel l’accord signé entre les gouvernements de Colombie et des Etats-Unis, en août 2010, mais malgré cette sentence, sous la présidence de Santos, on continue d’installer des bases militaires des Etats-Unis en Colombie, en 2011 : http://www.rebelion.org/noticia.php?id=123813&titular=el-gasto-multimillonario-del-pent%E1gono-revela-la-instalaci%F3n-efectiva-de-bases-del-comando-sur-en-
(3) - La plus grande fosse commune du continent américain a été découverte, en décembre 2009, à El Meta, derrière le Bataillon militaire de la Macarena : la fosse contenait 2.000 cadavres de personnes dont la disparition incombe au corps armé de la Force Omega du Plan Colombie :http://www.publico.es/internacional/288773/aparece/colombia/fosa/comun/cadaveres
Les médias font silence sur la plus grande fosse commune d’Amérique tandis que l’Etat Colombien essaye de travestir les faits :
(4) Le CPDH revèle : « Elle a été agressée à l’arme blanche ; elle a subi plusieurs blessures sur des parties vitales de son corps, qui constituent autant de traitements cruels, inhumains et dégradants et elle a été violée ; sur le trajet, il y avait deux groupes de militaires, l’un à 30 mètres et le second à 50 mètres de ce dernier devant lesquels, de façon inexplicable, l’agresseur est passé ; la victime a été jetée dans un ravin à seulement 30 mètres de l’endroit où était posté le dernier groupe de militaires (…) On a pu identifier l’agreseur présumé qui est un militaire engagé dans l’Armée Nationale (J. Jésus Advincula Delgado) (…) en raison du peu d’empressement mis à relever les élements à charge et à faire ce qui était urgent, il a été laissé en liberté et mis à la disposition des autorités militaires, mais il est tout à fait légitime de fonder des craintes, car il est actuellement en liberté, sans aucune restriction legale et, en outre, les militaires qui se trouvaient à La Victoria, le 3 avril dernier, tout près de la scène du crime, ont été transferés hors de la zone.  » :
(5) - Cinq militaires ne vont pas en prison, mais « purgent leur peine » sur une base militaire avec terrains de sports, restaurants… et tout le confort…
(6) - « Tolemaida Resort  » de la Revue Semana :http://www.semana.com/noticias-nacion/tolemaida-resort/154427.aspx
(8) - Depuis les années 60, suite à la visite en Colombie de la Mission Yarbourough de l’armée des Etats-Unis (fevrier 1962) et les directives secrètes que cette Mission laissa par écrit, l’Etat colombien a adopté une stratégie de contre-insurrection paramilitaire bien avant que n’apparaissent les guérillas de ce cycle (1964-1965). Cette doctrine stratégique peut être étudiée dans les Manuels de contre-insurrection qui commencent à faire partie de la Bibliothèque de l’Armée et, donc, dans les textes d’étude et d’instruction militaire à partir de 1962. A partir de 6 manuels (1962, 1963, 1969, 1979, 1982, 1987) il est possible de suivre l’évolution de la conception que se fait l’Armée de la population civile et de son rôle dans la guerre : 1) la population doit être impliquée dans la guerre (paramilitarisme). 2) elle doit être la cible principale de la guerre de contre-guerilla (guerre contre les mouvements sociaux ou contre les opposants au statu quo) :
9) - L’outil paramilitaire qui consiste à chasser de leurs terres les paysans qui y sont installés fait partie de cette stratégie d’Etat, financée par des multinationales, les grands propriétaires terriens et l’Etat, stratégie mise en œuvre en coordination avec l’Armée :
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http://www.legrandsoir.info/Colombie-Violee-a-30-metres-d-un-poste-militaire-au-pays-des-prisons-parcs-de-loisir-pour-militaires.html

miércoles, 16 de marzo de 2011

60% des syndicalistes assassinés dans le monde, le sont en Colombie


16 mars 2011
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En Colombie, on commet 60% des assassinats qui se présentent dans le monde(...) une violence historique, structurelle, systématique et sélective qui se traduit en un modèle de comportement de l'Etat colombien : cette violence depuis 1986, laisse au moins 2778 syndicalistes assassinés, 196 disparitions forcées et plus de 11096 faits de violence, qui constituent un génocide contre le mouvement syndical colombien.

L'organisation des victimes, un pas fondamental pour mettre un terme aux pratiques génocidaires.
La violence antisyndicale se pratique toujours dans un cadre particulier : la persistance de la crise des Droits de l'Homme, la continuité du conflit interne, l’instrumentalisation de la politique « sécurité démographique » et la militarisation de la société, qui montre des phénomènes de récidive de massacres de jeunes, des garçons et des fille. Un exemple récent dans l’Arauca (au Nord-Est) : la Présidente du « Polo Démocratique » a signalé que depuis le 7 août et jusqu'à maintenant, 50 leaders et défenseurs des Droits de l'Homme ont été assassinés. Parmi eux, des leaders qui réclamaient la restitution des terres. Il y a une nouvelle escalade de massacres, une victimisation croissante de la société colombienne démontrant la persistance des phénomènes comme le para politique, l'appui à la violence de quelques entreprises et multinationales d'un côté, les fausses bonnes nouvelles, les interceptions illégales comme le récent et dénoncé « plan Escalera », du paiement illégal d'informateurs d'un autre côté de la DAS, pour empêcher l'information des syndicats, la réorganisation paramilitaire, le soutien de l'impunité, la profonde crise social de l'emploi et la santé… Tout ça commence à être révélé et ne peut être occulté par le gouvernement.

Remarquons qu'il n'existe pas de conditions pour la réalisation des droits des victimes. Dans un premier temps, comme nous l'avions anticipé depuis le mouvement syndical et celui de quelques organisations des Droits de l'Homme, le processus de négociation et de réinsertion des groupes paramilitaires et leur instrument juridique, la loi Justice et Paix, a catégoriquement échoué. Ca a fermé les possibilités de reconstruction de la vérité, de justice et de réparations pour les victimes. Dans un second temps, on a vu les étroites limites d'un projet de Loi des victimes et du gouvernement d' « Unité Nationale » qui n'a pas consulté les organisations de victimes, ni les organisations sociales et syndicales victimes elles aussi. L'Etat s'arroge la faculté de définir qui est une victime ou qui ne l'est pas, et le thème central pour la discussion du gouvernement est le coût et le maintien fiscal, placés au-dessus des droits des victimes. En outre, le projet gouvernemental ne contient pas de réparation collective pour les organisations qui ont été détruites. Et l'Etat n'assume pas, par omission, sa responsabilité dans ce génocide.

Ainsi, nous signalons que l'Etat et le gouvernement colombien, en lien avec des entreprises, des multinationales et des acteurs juridiques, entament des actions pour essayer d'occulter le génocide. Ils développent travail diplomatique dans le but de ne pas reconnaître que le mouvement syndical continue d’être attaqué, en cherchant à imposer l'oubli à la violence systématique antisyndicale.

Des chiffres des violences

Nous nous permettons de signaler qu'à aucun moment, nous pouvons caractériser que nous sommes dans une situation de post-conflit. Au contraire, nos adhérents qui se trouvent sur presque tout le territoire national et nos organisations adhérentes souffrent de sévères violations. Si nous examinons ce qui s'est passé durant l'année 2010, il y a 39 syndicalistes qui ont été assassinés, parmi lesquels 17 éducateurs qui sont adhérents à Fecode. De plus, il persiste que chaque jour, on viole un droit à la vie, à la liberté et à l'intégrité des syndicalistes, comme cela s'est passé pendant les 25 dernières années. Entre le 1er janvier et le 30 août 2010, on a dénombré 275 violations. Parmi elles, 201 menaces, 16 attentats, 10 harcèlements, 5 enlèvements, 5 disparitions, 2 raids illégaux, 1 détention arbitraire et les homicides mentionnés. Ces faits sont des préliminaires pour l'année 2010 et inspirent un scénario de terreur pour ceux qui décident de lutter pour défendre des milliers de travailleurs et de travailleuses.

Ce phénomène est le prolongement d'une politique d'extermination et de destruction des organisations syndicales. Nos rencontres font écho à l'appel lancé à la communauté nationale et internationale pour mettre fin au génocide contre le mouvement syndical colombien. Dans cette lutte, nous avons réussi à ce que les organisations syndicales sœurs au niveau international ainsi que les organisations nationales et internationales des Droits de l'Homme se solidarisent avec notre situation. Et nous sommes également parvenus à ce que les instances comme l'OIT (Organisation Internationale du Travail), la Commission interaméricaine des Droits de l'Homme, des parlementaires et gouvernants de la communauté internationale, reconnaissent qu'en Colombie, on commet 60% des assassinats de syndicalistes qui sont perpétués dans le monde entier. Dénonciation qui a signifié la non-approbation ou ratification de Traités de libre commerce avec le gouvernement et les entreprises colombiens. C'est le cas du Traité de libre comme avec les Etats-Unis ou le groupe EFTA, des pays nordiques. Face à notre dénonciation du génocide, les rencontres avec les victimes ont rendu compte que le mouvement syndical colombien a souffert d’une violence historique, structurelle, systématique et sélective qui s'est convertie en un modèle de comportement de l'Etat colombien.

Cette violence depuis 1986, laisse au moins 2778 syndicalistes assassinés, 196 disparitions forcées et plus de 11.096 faits de violence, qui constituent un génocide contre le mouvement syndical colombien. Les régions les plus touchées sont dans l'ordre Antioquia, Santander, Valle dei Cauca, César et Magdalena. Les syndicats les plus touchés, en tenant compte des informations entre le 1er janvier 1986 et le 30 août 2010, sont Fecode et les éducateurs qui apparaissent comme les plus grandes victimes. Avec 921 homicides, suivent Sintrainagro, avec 798 homicides, USO avec 116 homicides, Anthoc avec 58 homicides, Sintraelecol avec 50 homicides, Arsonal avec 47 homicides, Sutimac avec38 homicides, et Fensuagro 37 homicides. L'analyse de cette information a mis en évidence que la violence contre le syndicalisme s'est concentré sur 15 syndicats, c'est-à-dire, 78% des homicides se sont réalisés contre les adhérents de ces organisations. On peut en déduire qu’il y a eu une violence orientée vers l'extermination des organisations syndicales au-delà de l'individu victime d'un homicide.

Ce phénomène a de profondes racines historiques, non seulement pour le mouvement syndical, mais pour beaucoup de secteurs sociaux, ethniques et politiques qui ont souffert d’une pratique d'extermination massive.
Dès l'apparition du mouvement syndical en Colombie, la violence antisyndicale a été une constante et on a imposé aux organisations et à leurs adhérents le rôle de victime par le seul fait d'exercer les droits d'association et l'exercice des libertés syndicales. Nous pouvons mentionner comme antécédents historiques les réponses violentes face aux pétitions des travailleurs, les luttes et actions historiques des travailleurs des chemins de fer, des pétroliers, des travailleurs de chantiers navals et la tristement célèbre luttes des travailleurs agricoles et des travailleurs de la banane qui réussirent leurs premières revendications, certains y laissant leur vie.

L'impunité assure la persistance du génocide syndical

Face à la grave situation de violence contre le mouvement syndical, les mesures de l'Etat ont été presque nulles. Seulement jusqu'à la moitié de l'année 2007, le ministère public et la magistrature ont entrepris une sorte de mesure, impulsée par la pression du mouvement syndical colombien et mondial, dans le cadre des discussions sur le Traité de Libre Commerce que le gouvernement de Colombie souhaitait signer avec les Etats-Unis.

L'intolérable situation d'impunité se maintient, en démontrant que l'unité spéciale du ministère public et les trois juges chargés des crimes contre les syndicalistes, n'ont pas constitué une mesure sérieuse, adéquate et effective pour réaliser des avancées. Si en 2007 on parlait d'une impunité de 100%, aujourd'hui malgré la dénonciation, la pression internationale et les différents discours de l'Etat colombien, l'impunité, pour le cas des homicides est de 96% et dans d'autres violations, l'impunité est de 99.84%. Précisons que dans la majorité des cas, on détermine des sentences pour des auteurs matériels, mais les sentences pour identifier les auteurs intellectuels de violations des Droits de l'Homme des syndicalistes sont presque inexistantes. Par conséquent, dans la mesure où on ne démonte pas les structures génératrices de violence antisyndicale, cela renvoie un message très négatif sur le haut degré d'impunité des coupables ainsi que sur la non-considération permanente des victimes du mouvement syndical.
Le mouvement syndical, et spécialement la Centrale Unitaire des Travailleurs (CUT) qui a offert 87% des victimes de la violence antisyndicale, a l'obligation morale de recueillir la mémoire et revendiquer les droits à la vérité, à la justice, à la réparation intégrale et la non re-victimisation aussi bien individuelle que collective. Il faut défendre de cette manière le droit d'exister dans le libre exercice des libertés syndicales et la défense des droits des travailleurs.
Traduit de l'espagnol par Sylviane Mangata pour Investig'Action

miércoles, 9 de febrero de 2011

Les fléaux de la Colombie


9 février 2011
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La construction d'une réalité virtuelle, qui opère comme une scénographie masquant la réalité objective, est une composante fondamentale de la guerre en Colombie.

 • "Il faut promouvoir la mobilité des droits de propriété " Banque mondiale.
 

 • “De nombreuses victimes de la contre-réforme agraire en Colombie ont disparu dans les fours crématoires, les élevages de caïmans et les fosses communes ” Survivant.
 

 • Ce que vise la Loi sur les Terres de Santos, c'est à légaliser la spoliation des terres. C'est la consolidation de la contre-réforme agraire.
 

 • Les millions d'hectares de terres volés aux victimes et aux personnes déplacées par le terrorisme d'État en Colombie sont sur le point d'être remis légalement entre les mains du grand capital, grâce à un tour de passe-passe juridique très futé du gouvernement de Juan Manuel Santos.
 

 • “Le président Uribe se plaignait de ne pas pouvoir créer d'exploitations de 45.000 hectares dans les plaines orientales : il se plaignait de ne pas pouvoir supprimer l'UAF, qui est une parcelle relativement petite de terre, et cela gênait M. Uribe (…) À l'article 69, on lit l'UAF sera supprimée (… ) ; c'était ce dont se plaignait Uribe…” J.E.Robledo 

Depuis la prise de fonctions du nouveau président de Colombie, Juan Manuel Santos, propriétaire des principaux médias de masse et grand latifundiste, nous avons été témoins d'une grande opération médiatique qui vise à présenter les “différences” entre l'administration de Santos et l'administration de Uribe. L'administration de Uribe est apparue publiquement comme une administration marquée par le paramilitarisme, la torture, les violations des droits humains… et la stratégie consiste à faire croire que Santos se démarque de ces niveaux de barbarie, en s'appuyant sur le monopole des médias de masse.
Il convient cependant de rappeler que Santos a été ministre de la Défense de Uribe, et responsable des mal nommés “faux positifs ” (1) : exécutions extrajudiciaires pratiquées par l'armée de Colombie.
Les militaires enlèvent des jeunes, les déguisent en guérilleros et les assassinent, puis ils les présentent comme des “guérilleros morts au combat”. Les militaires commettent ce crime pour “afficher des résultats” dans leur guerre contre l'insurrection, et aussi pour assassiner les civils qui “dérangent” (lire les syndicalistes, les enseignants, les dirigeants paysans, etc.). Les médias de masse se chargent de diffuser le mensonge, puisqu'en Colombie les moyens de diffusion de masse prennent pour argent comptant ce que leur disent les sources militaires… La médiatisation des supposés guérilleros morts est macabre : on montre des corps alignés, à demi nus, allongés sur le sol … On conditionne ainsi l'opinion publique à la déshumanisation des guérilleros. Avec les “faux positifs”, la directive présidentielle 029 pousse les militaires à “présenter des cadavres”, puisqu'ils reçoivent des récompenses économiques ou des permissions en fonction des cadavres présentés.


Les organisations de victimes dénoncent plus de 5.000 cas de “faux positifs”, la Fiscalía enquête sur quelque 2.000 exécutions extrajudiciaires commises directement par des membres des forces de sécurité de l'État colombien, mais l'impunité règne. Les “faux positifs” sont des crimes contre l'humanité et montrent à quel point les montages, les mensonges et les crimes font partie intégrante de l'État colombien, qui relève du concept d'État terroriste. C'est une évidence triste et vérifiable, bien que le degré d'horreur la fasse paraître invraisemblable ; l'ONU et d'autres organismes sont au courant de ces pratiques mais demeurent complaisants à l'égard de l'État colombien.


Les faux positifs sont de réels assassinats qui servent à créer une réalité virtuelle… les médias de masse exercent un rôle particulièrement belliciste en Colombie, en légitimant un régime génocidaire, au point d'occulter les fosses communes gigantesques, comme ils ont essayé de le faire avec la plus grande fosse commune du continent américain (2), située derrière la base militaire de la Force Omega à la Macarena (Meta), qui contient au moins 2.000 cadavres, et qui a été dénoncée par des observateurs internationaux, des ONG de défense des droits humains, et par des proches de victimes de disparus … Les médias de masse cachent les crimes de l'État colombien et se prêtent à tous les montages que préconisent les militaires, comme la médiatisation des morts de paysans déguisés en guérilleros.


La construction d'une réalité virtuelle, qui opère comme une scénographie masquant la réalité objective, est une composante fondamentale de la guerre en Colombie. Et dans ce texte, nous voulons traiter d'un cas essentiel de falsimedia (désinformation), puisqu'il s'agit de tromper au sujet d'une des questions les plus fondamentales de l'injustice et de la guerre en Colombie : la question de la terre.

Pour blanchir l'image du gouvernement de Santos, les médias de masse cherchent à faire croire, en Colombie et dans le monde, que Santos “rendra la terre aux déplacés” et “procédera à une réforme agraire”… Rien n'est plus éloigné de la réalité, bien que les apparences se fondent sur des échafaudages spécialement construits pour soutenir la propagande. L'argument de ce gouvernement, “la réparation aux victimes”, auxquelles on dit qu'ont leur rendra les terres usurpées, a été dénoncé comme une utilisation cynique des déplacés par des organisations de victimes telles que le Mouvement des victimes de crimes d'État, et par des opposants tels que le sénateur Robledo. (3)
 Concrètement, l'objectif de la Loi sur les Terres de Santos est la légalisation de la spoliation des terres. C'est la consolidation de la contre-réforme agraire.
 Les millions d'hectares de terres volés aux victimes et aux personnes déplacées par le terrorisme d'État en Colombie sont sur le point d'être remis légalement entre les mains du grand capital, grâce à un tour de passe-passe juridique très futé du gouvernement de Juan Manuel Santos.


C'est le même cynisme qui a été appliqué en Colombie lors des fameux "dialogues de Ralito 'entre' le gouvernement et les paramilitaires", dialogues populairement qualifiés de Monologue, étant donné la façon dont la structure paramilitaire est utilisée comme outil de guerre sale par l'État lui-même... Le paramilitarisme est l'arme de la guerre sale de l'État colombien, et bénéficie aussi d'un financement et des conseils des multinationales et des latifundistes ; c'est un outil mis en œuvre pour éliminer les opposants et chasser d'immenses quantités de personnes de zones à haut intérêt économique. 


Aujourd'hui, ce sont plus de 6 millions d'hectares de terres qui ont été enlevés aux victimes et déplacés ; en Colombie, on compte plus de 4,5 millions de déplacés. Le MOVICE et d'autres sources parlent de plus de 10 millions d'hectares usurpés, le gouvernement avance le chiffre de 3,5 millions d'hectares.
La Loi sur les terres de Santos contient plusieurs ruses, voyons concrètement en quoi consiste la règle :

La règle dit que dans certaines zones du pays choisies par le gouvernement, il sera procédé à des restitutions de terres dans un délai limité.

Si la personne spoliée ne veut pas de la terre, l'État lui propose un titre de trésorerie qui viendra à échéance avec une vente très bon marché de sa terre.
D'après les enquêtes, la grande majorité des déplacés (jusqu'à 80%) craignent de revenir sur leurs terres étant donné que les régions sont sous la domination du paramilitarisme et qu'il y règne un régime de terreur.

Ce qui précède montre que ce que l'on présente comme la restitution de parcelles de terre aux personnes spoliées par la violence cache justement la spoliation définitive de ces personnes.

La Loi sur les Terres est présentée dans les médias de masse pour ce qu'elle n'est pas.

En Colombie, les terres doivent être restituées aux déplacés ; mais ce n'est pas ce que vise la Loi sur les Terres. Premièrement : la Loi ne sera pas d'application dans l'ensemble du pays, mais uniquement dans les territoires désignés par le gouvernement (zones de consolidation paramilitaire-militaire). Les déplacés ne pourront donc pas effectivement aller vivre dans des zones dominées par leurs bourreaux.

Deuxièmement : La politique agricole de ce gouvernement s'inscrit dans la poursuite de la politique du gouvernement de Uribe, en ce sens qu'il s'agit d'une politique néolibérale, qui favorise la grande propriété, le capital étranger, la méga exploitation minière, les mono-méga-cultures, le démantèlement de la protection des paysans et du secteur national de l'agriculture contre les produits subventionnés des USA et de l'UE : une politique d'annihilation de la souveraineté alimentaire …


On va supprimer l'UAF (Unité agricole familiale) pour établir de grandes plantations sur les hauts plateaux. Davantage de terres seront dévolues aux multinationales étrangères. La Banque mondiale encourage la concentration des terres et préconise l'acquisition de titres comme étape préalable à la constitution de monopoles. L'acquisition de titres sur les terres est désormais encouragée par le gouvernement, alors qu'il l'a toujours rejetée ; il est évident qu'aujourd'hui, l'objectif est le transfert des terres des paysans vers le grand capital. Selon la Banque mondiale : "Il faut promouvoir la mobilité des droits de propriété."
La politique agricole du gouvernement de Juan Manuel Santos, qui est de favoriser la grande propriété et le ‘libre commerce’ implique la ruine de l'agriculture : un appauvrissement accru, davantage de déplacements en masse des populations, davantage de faim et de misère, dans un pays dont la majorité de la population vit déjà dans l'indigence.

En Colombie, 68% de la population vit dans la pauvreté et l'indigence. La concentration de la richesse est scandaleuse : la Colombie est le 11e pays dans le monde où l'inégalité sociale est la plus élevée (11e place selon le cœfficient de GINI), et est le pays où l'inégalité est la plus grande sur le continent américain. Il y aurait, selon les chiffres les plus cléments, 8 millions d'indigents et 20 millions de pauvres (4). Plus de 20.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de dénutrition aiguë (chiffres de l'UNICEF) ; sur 100 mères déplacées en cours de grossesse, 80 souffrent de dénutrition chronique (5). Simultanément, et corrélativement à cette misère, un seul banquier, Sarmiento Angulo, contrôle 42% du crédit national et déclare des revenus de 1.250 millions de dollars pour le dernier bimestre de 2009. (6)

Cette injustice sociale et cette misère vont s'accentuer avec la politique agricole du gouvernement de Santos, qui poursuivra les TLC et le ‘libre commerce’. L'article 53, qui se réfère à la politique agraire de l'administration de Santos, parle d'encourager la grande production entrepreneuriale… Elle soutient le modèle de la grande propriété et de l'extraction minière par les multinationales.
 Avec la Loi sur les Terres de Santos, il s'agit d'officialiser des changements de propriété : et plus (uniquement) par la spoliation, mais par la voie...disons "licite"... quel cynisme ! Après des centaines de massacres, et la création de zones de terreur militaire-paramilitaire, de zones de non retour, on cherche à créer une situation de non retour juridique.

On a caché la réalité terrible au sujet de la Loi sur les Terres de Santos.

C'est une loi qui va également mettre fin aux rares dernières lois sur la protection des petits paysans, comme l'UAF (Unité agricole familiale). L'UAF est une loi qui limite les terrains, qui empêche les dimensions exagérées.

 Voici ce qu'a déclaré le sénateur Jorge Enrique Robledo à ce sujet (7), lors du débat sur le projet de loi sur les terres, en séance plénière du Sénat, en septembre 2010 :

“Le président Uribe se plaignait de ne pas pouvoir créer d'exploitations de 45.000 hectares dans les plaines orientales : il se plaignait de ne pas pouvoir supprimer l'UAF, qui est une parcelle relativement petite de terre, et cela gênait M. Uribe (…) À l'article 69 (relatif à la politique agricole de l'administration de Santos), on lit que l'UAF (Unité agricole familiale)… sera supprimée (… ) ; c'était ce dont se plaignait Uribe…” 

Il faut dénoncer cette Loi des Terres pour ce qu'elle est : une étape fondamentale de la spoliation, la légalisation sans retour en arrière par la voie juridique.
Le terrorisme d'État en Colombie et le modèle minier de saccage de l'environnement et de spoliation des paysans, des indigènes et des afro-descendants se consolide avec Santos ; ce n'est pas pour rien que d'aucuns l'appellent “le nouvel administrateur des intérêts des USA et de l'UE en Colombie”. Le terrorisme d'État demeure la garantie d'éliminer les opposants au pillage.


NOTES :

1. “faux positifs”¹ : (Les faux positifs sont des assassinats d'enfants et de jeunes gens perpétrés par l'armée colombienne, qui médiatise ensuite leurs cadavres en les faisant passer pour des “guérilleros morts au combat” : http://www.falsos-positivos.blogspo...

http://www.rebelion.org/noticia.php...;;titular=terrorismo-de-estado :-el-caso-de-los-falsos-positivos-

 2. La plus grande fosse commune d'Amérique latine, une découverte dantesque qui ne suscite cependant pas le rejet international que mérite le régime colombien : plus de 2000 cadavres de disparus imputables à la force Omega du "Plan Colombie". (16) L'armée y aurait enterré des disparus depuis 2005 : http://www.publico.es/internacional...
 4. L'étude de la Misión para el Empalme de las Series de Empleo (MESEP), Pauvreté et inégalité 2009, a comptabilisé huit millions de Colombiens dans l'indigence et 20 millions de pauvres. Dans les zones rurales, sur 100 foyers, 65 sont considérés comme pauvres et 33 vivent dans l'indigence.http://www.abpnoticias.com/index.ph...;;task=view&id=2446&Itemid=90
http://www.elcolombiano.com/BancoCo...
5. En Colombie, plus de 20.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de dénutrition aiguë ; sur 100 mères déplacées enceintes, 80 souffrent de dénutrition chronique, UNICEF : http://www.elcolombiano.com/BancoCo...

http://colombia.indymedia.org/news/...

La Colombie, pauvre parmi les pauvres : http://alainet.org/active/33960&amp...;;=es
 
6. Sarmiento Angulo, l'entrepreneur le plus riche de Colombie est, avec la poignée d'oligarques parmi lesquels on distingue Ardila Lule et Santo Domingo, le grand promoteur de la néfaste “Sécurité" démocratique” du gouvernement Uribe, et, par hasard, Uribe a obéi à chacune de ses suggestions en un temps record de 24 heures, comme ce fut le cas lorsque Sarmiento Angulo proposa que “l'impôt pour financer la sécurité démocratique” soit permanent et qu'il s'applique à tous les Colombiens : aussitôt dit, aussitôt fait :http://www.lasillavacia.com/histori...

http://noticieroconfidencial.com/?p=11

Colombie : les revenus et les bénéfices des grandes entreprises sont en augmentationhttp://www.desdeabajo.info/index.ph...

Crise du modèle néolibéral et inégalité en Colombie (…)http://www.desdeabajo.info/index.ph...

http://www.portafolio.com.co/econom...

Publié le 15 février 2010 : Les revenus du secteur financier ont atteint les 8,5 milliards de dollars.http://www.elespectador.com/articul...
 
7. L'exposé du sénateur Jorge Enrique Robledo lors du débat sur le projet de loi sur les terres, pendant la séance plénière du Sénat du 21 septembre 2010, nous éclaire sur cette question :http://www.youtube.com/user/POLOMOI...

Source : Arlac
Image : Galerie des victimes à Popayan, Colombie. Cédric Rutter Investig'Action