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miércoles, 16 de marzo de 2011

60% des syndicalistes assassinés dans le monde, le sont en Colombie


16 mars 2011
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En Colombie, on commet 60% des assassinats qui se présentent dans le monde(...) une violence historique, structurelle, systématique et sélective qui se traduit en un modèle de comportement de l'Etat colombien : cette violence depuis 1986, laisse au moins 2778 syndicalistes assassinés, 196 disparitions forcées et plus de 11096 faits de violence, qui constituent un génocide contre le mouvement syndical colombien.

L'organisation des victimes, un pas fondamental pour mettre un terme aux pratiques génocidaires.
La violence antisyndicale se pratique toujours dans un cadre particulier : la persistance de la crise des Droits de l'Homme, la continuité du conflit interne, l’instrumentalisation de la politique « sécurité démographique » et la militarisation de la société, qui montre des phénomènes de récidive de massacres de jeunes, des garçons et des fille. Un exemple récent dans l’Arauca (au Nord-Est) : la Présidente du « Polo Démocratique » a signalé que depuis le 7 août et jusqu'à maintenant, 50 leaders et défenseurs des Droits de l'Homme ont été assassinés. Parmi eux, des leaders qui réclamaient la restitution des terres. Il y a une nouvelle escalade de massacres, une victimisation croissante de la société colombienne démontrant la persistance des phénomènes comme le para politique, l'appui à la violence de quelques entreprises et multinationales d'un côté, les fausses bonnes nouvelles, les interceptions illégales comme le récent et dénoncé « plan Escalera », du paiement illégal d'informateurs d'un autre côté de la DAS, pour empêcher l'information des syndicats, la réorganisation paramilitaire, le soutien de l'impunité, la profonde crise social de l'emploi et la santé… Tout ça commence à être révélé et ne peut être occulté par le gouvernement.

Remarquons qu'il n'existe pas de conditions pour la réalisation des droits des victimes. Dans un premier temps, comme nous l'avions anticipé depuis le mouvement syndical et celui de quelques organisations des Droits de l'Homme, le processus de négociation et de réinsertion des groupes paramilitaires et leur instrument juridique, la loi Justice et Paix, a catégoriquement échoué. Ca a fermé les possibilités de reconstruction de la vérité, de justice et de réparations pour les victimes. Dans un second temps, on a vu les étroites limites d'un projet de Loi des victimes et du gouvernement d' « Unité Nationale » qui n'a pas consulté les organisations de victimes, ni les organisations sociales et syndicales victimes elles aussi. L'Etat s'arroge la faculté de définir qui est une victime ou qui ne l'est pas, et le thème central pour la discussion du gouvernement est le coût et le maintien fiscal, placés au-dessus des droits des victimes. En outre, le projet gouvernemental ne contient pas de réparation collective pour les organisations qui ont été détruites. Et l'Etat n'assume pas, par omission, sa responsabilité dans ce génocide.

Ainsi, nous signalons que l'Etat et le gouvernement colombien, en lien avec des entreprises, des multinationales et des acteurs juridiques, entament des actions pour essayer d'occulter le génocide. Ils développent travail diplomatique dans le but de ne pas reconnaître que le mouvement syndical continue d’être attaqué, en cherchant à imposer l'oubli à la violence systématique antisyndicale.

Des chiffres des violences

Nous nous permettons de signaler qu'à aucun moment, nous pouvons caractériser que nous sommes dans une situation de post-conflit. Au contraire, nos adhérents qui se trouvent sur presque tout le territoire national et nos organisations adhérentes souffrent de sévères violations. Si nous examinons ce qui s'est passé durant l'année 2010, il y a 39 syndicalistes qui ont été assassinés, parmi lesquels 17 éducateurs qui sont adhérents à Fecode. De plus, il persiste que chaque jour, on viole un droit à la vie, à la liberté et à l'intégrité des syndicalistes, comme cela s'est passé pendant les 25 dernières années. Entre le 1er janvier et le 30 août 2010, on a dénombré 275 violations. Parmi elles, 201 menaces, 16 attentats, 10 harcèlements, 5 enlèvements, 5 disparitions, 2 raids illégaux, 1 détention arbitraire et les homicides mentionnés. Ces faits sont des préliminaires pour l'année 2010 et inspirent un scénario de terreur pour ceux qui décident de lutter pour défendre des milliers de travailleurs et de travailleuses.

Ce phénomène est le prolongement d'une politique d'extermination et de destruction des organisations syndicales. Nos rencontres font écho à l'appel lancé à la communauté nationale et internationale pour mettre fin au génocide contre le mouvement syndical colombien. Dans cette lutte, nous avons réussi à ce que les organisations syndicales sœurs au niveau international ainsi que les organisations nationales et internationales des Droits de l'Homme se solidarisent avec notre situation. Et nous sommes également parvenus à ce que les instances comme l'OIT (Organisation Internationale du Travail), la Commission interaméricaine des Droits de l'Homme, des parlementaires et gouvernants de la communauté internationale, reconnaissent qu'en Colombie, on commet 60% des assassinats de syndicalistes qui sont perpétués dans le monde entier. Dénonciation qui a signifié la non-approbation ou ratification de Traités de libre commerce avec le gouvernement et les entreprises colombiens. C'est le cas du Traité de libre comme avec les Etats-Unis ou le groupe EFTA, des pays nordiques. Face à notre dénonciation du génocide, les rencontres avec les victimes ont rendu compte que le mouvement syndical colombien a souffert d’une violence historique, structurelle, systématique et sélective qui s'est convertie en un modèle de comportement de l'Etat colombien.

Cette violence depuis 1986, laisse au moins 2778 syndicalistes assassinés, 196 disparitions forcées et plus de 11.096 faits de violence, qui constituent un génocide contre le mouvement syndical colombien. Les régions les plus touchées sont dans l'ordre Antioquia, Santander, Valle dei Cauca, César et Magdalena. Les syndicats les plus touchés, en tenant compte des informations entre le 1er janvier 1986 et le 30 août 2010, sont Fecode et les éducateurs qui apparaissent comme les plus grandes victimes. Avec 921 homicides, suivent Sintrainagro, avec 798 homicides, USO avec 116 homicides, Anthoc avec 58 homicides, Sintraelecol avec 50 homicides, Arsonal avec 47 homicides, Sutimac avec38 homicides, et Fensuagro 37 homicides. L'analyse de cette information a mis en évidence que la violence contre le syndicalisme s'est concentré sur 15 syndicats, c'est-à-dire, 78% des homicides se sont réalisés contre les adhérents de ces organisations. On peut en déduire qu’il y a eu une violence orientée vers l'extermination des organisations syndicales au-delà de l'individu victime d'un homicide.

Ce phénomène a de profondes racines historiques, non seulement pour le mouvement syndical, mais pour beaucoup de secteurs sociaux, ethniques et politiques qui ont souffert d’une pratique d'extermination massive.
Dès l'apparition du mouvement syndical en Colombie, la violence antisyndicale a été une constante et on a imposé aux organisations et à leurs adhérents le rôle de victime par le seul fait d'exercer les droits d'association et l'exercice des libertés syndicales. Nous pouvons mentionner comme antécédents historiques les réponses violentes face aux pétitions des travailleurs, les luttes et actions historiques des travailleurs des chemins de fer, des pétroliers, des travailleurs de chantiers navals et la tristement célèbre luttes des travailleurs agricoles et des travailleurs de la banane qui réussirent leurs premières revendications, certains y laissant leur vie.

L'impunité assure la persistance du génocide syndical

Face à la grave situation de violence contre le mouvement syndical, les mesures de l'Etat ont été presque nulles. Seulement jusqu'à la moitié de l'année 2007, le ministère public et la magistrature ont entrepris une sorte de mesure, impulsée par la pression du mouvement syndical colombien et mondial, dans le cadre des discussions sur le Traité de Libre Commerce que le gouvernement de Colombie souhaitait signer avec les Etats-Unis.

L'intolérable situation d'impunité se maintient, en démontrant que l'unité spéciale du ministère public et les trois juges chargés des crimes contre les syndicalistes, n'ont pas constitué une mesure sérieuse, adéquate et effective pour réaliser des avancées. Si en 2007 on parlait d'une impunité de 100%, aujourd'hui malgré la dénonciation, la pression internationale et les différents discours de l'Etat colombien, l'impunité, pour le cas des homicides est de 96% et dans d'autres violations, l'impunité est de 99.84%. Précisons que dans la majorité des cas, on détermine des sentences pour des auteurs matériels, mais les sentences pour identifier les auteurs intellectuels de violations des Droits de l'Homme des syndicalistes sont presque inexistantes. Par conséquent, dans la mesure où on ne démonte pas les structures génératrices de violence antisyndicale, cela renvoie un message très négatif sur le haut degré d'impunité des coupables ainsi que sur la non-considération permanente des victimes du mouvement syndical.
Le mouvement syndical, et spécialement la Centrale Unitaire des Travailleurs (CUT) qui a offert 87% des victimes de la violence antisyndicale, a l'obligation morale de recueillir la mémoire et revendiquer les droits à la vérité, à la justice, à la réparation intégrale et la non re-victimisation aussi bien individuelle que collective. Il faut défendre de cette manière le droit d'exister dans le libre exercice des libertés syndicales et la défense des droits des travailleurs.
Traduit de l'espagnol par Sylviane Mangata pour Investig'Action

miércoles, 9 de febrero de 2011

Les fléaux de la Colombie


9 février 2011
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La construction d'une réalité virtuelle, qui opère comme une scénographie masquant la réalité objective, est une composante fondamentale de la guerre en Colombie.

 • "Il faut promouvoir la mobilité des droits de propriété " Banque mondiale.
 

 • “De nombreuses victimes de la contre-réforme agraire en Colombie ont disparu dans les fours crématoires, les élevages de caïmans et les fosses communes ” Survivant.
 

 • Ce que vise la Loi sur les Terres de Santos, c'est à légaliser la spoliation des terres. C'est la consolidation de la contre-réforme agraire.
 

 • Les millions d'hectares de terres volés aux victimes et aux personnes déplacées par le terrorisme d'État en Colombie sont sur le point d'être remis légalement entre les mains du grand capital, grâce à un tour de passe-passe juridique très futé du gouvernement de Juan Manuel Santos.
 

 • “Le président Uribe se plaignait de ne pas pouvoir créer d'exploitations de 45.000 hectares dans les plaines orientales : il se plaignait de ne pas pouvoir supprimer l'UAF, qui est une parcelle relativement petite de terre, et cela gênait M. Uribe (…) À l'article 69, on lit l'UAF sera supprimée (… ) ; c'était ce dont se plaignait Uribe…” J.E.Robledo 

Depuis la prise de fonctions du nouveau président de Colombie, Juan Manuel Santos, propriétaire des principaux médias de masse et grand latifundiste, nous avons été témoins d'une grande opération médiatique qui vise à présenter les “différences” entre l'administration de Santos et l'administration de Uribe. L'administration de Uribe est apparue publiquement comme une administration marquée par le paramilitarisme, la torture, les violations des droits humains… et la stratégie consiste à faire croire que Santos se démarque de ces niveaux de barbarie, en s'appuyant sur le monopole des médias de masse.
Il convient cependant de rappeler que Santos a été ministre de la Défense de Uribe, et responsable des mal nommés “faux positifs ” (1) : exécutions extrajudiciaires pratiquées par l'armée de Colombie.
Les militaires enlèvent des jeunes, les déguisent en guérilleros et les assassinent, puis ils les présentent comme des “guérilleros morts au combat”. Les militaires commettent ce crime pour “afficher des résultats” dans leur guerre contre l'insurrection, et aussi pour assassiner les civils qui “dérangent” (lire les syndicalistes, les enseignants, les dirigeants paysans, etc.). Les médias de masse se chargent de diffuser le mensonge, puisqu'en Colombie les moyens de diffusion de masse prennent pour argent comptant ce que leur disent les sources militaires… La médiatisation des supposés guérilleros morts est macabre : on montre des corps alignés, à demi nus, allongés sur le sol … On conditionne ainsi l'opinion publique à la déshumanisation des guérilleros. Avec les “faux positifs”, la directive présidentielle 029 pousse les militaires à “présenter des cadavres”, puisqu'ils reçoivent des récompenses économiques ou des permissions en fonction des cadavres présentés.


Les organisations de victimes dénoncent plus de 5.000 cas de “faux positifs”, la Fiscalía enquête sur quelque 2.000 exécutions extrajudiciaires commises directement par des membres des forces de sécurité de l'État colombien, mais l'impunité règne. Les “faux positifs” sont des crimes contre l'humanité et montrent à quel point les montages, les mensonges et les crimes font partie intégrante de l'État colombien, qui relève du concept d'État terroriste. C'est une évidence triste et vérifiable, bien que le degré d'horreur la fasse paraître invraisemblable ; l'ONU et d'autres organismes sont au courant de ces pratiques mais demeurent complaisants à l'égard de l'État colombien.


Les faux positifs sont de réels assassinats qui servent à créer une réalité virtuelle… les médias de masse exercent un rôle particulièrement belliciste en Colombie, en légitimant un régime génocidaire, au point d'occulter les fosses communes gigantesques, comme ils ont essayé de le faire avec la plus grande fosse commune du continent américain (2), située derrière la base militaire de la Force Omega à la Macarena (Meta), qui contient au moins 2.000 cadavres, et qui a été dénoncée par des observateurs internationaux, des ONG de défense des droits humains, et par des proches de victimes de disparus … Les médias de masse cachent les crimes de l'État colombien et se prêtent à tous les montages que préconisent les militaires, comme la médiatisation des morts de paysans déguisés en guérilleros.


La construction d'une réalité virtuelle, qui opère comme une scénographie masquant la réalité objective, est une composante fondamentale de la guerre en Colombie. Et dans ce texte, nous voulons traiter d'un cas essentiel de falsimedia (désinformation), puisqu'il s'agit de tromper au sujet d'une des questions les plus fondamentales de l'injustice et de la guerre en Colombie : la question de la terre.

Pour blanchir l'image du gouvernement de Santos, les médias de masse cherchent à faire croire, en Colombie et dans le monde, que Santos “rendra la terre aux déplacés” et “procédera à une réforme agraire”… Rien n'est plus éloigné de la réalité, bien que les apparences se fondent sur des échafaudages spécialement construits pour soutenir la propagande. L'argument de ce gouvernement, “la réparation aux victimes”, auxquelles on dit qu'ont leur rendra les terres usurpées, a été dénoncé comme une utilisation cynique des déplacés par des organisations de victimes telles que le Mouvement des victimes de crimes d'État, et par des opposants tels que le sénateur Robledo. (3)
 Concrètement, l'objectif de la Loi sur les Terres de Santos est la légalisation de la spoliation des terres. C'est la consolidation de la contre-réforme agraire.
 Les millions d'hectares de terres volés aux victimes et aux personnes déplacées par le terrorisme d'État en Colombie sont sur le point d'être remis légalement entre les mains du grand capital, grâce à un tour de passe-passe juridique très futé du gouvernement de Juan Manuel Santos.


C'est le même cynisme qui a été appliqué en Colombie lors des fameux "dialogues de Ralito 'entre' le gouvernement et les paramilitaires", dialogues populairement qualifiés de Monologue, étant donné la façon dont la structure paramilitaire est utilisée comme outil de guerre sale par l'État lui-même... Le paramilitarisme est l'arme de la guerre sale de l'État colombien, et bénéficie aussi d'un financement et des conseils des multinationales et des latifundistes ; c'est un outil mis en œuvre pour éliminer les opposants et chasser d'immenses quantités de personnes de zones à haut intérêt économique. 


Aujourd'hui, ce sont plus de 6 millions d'hectares de terres qui ont été enlevés aux victimes et déplacés ; en Colombie, on compte plus de 4,5 millions de déplacés. Le MOVICE et d'autres sources parlent de plus de 10 millions d'hectares usurpés, le gouvernement avance le chiffre de 3,5 millions d'hectares.
La Loi sur les terres de Santos contient plusieurs ruses, voyons concrètement en quoi consiste la règle :

La règle dit que dans certaines zones du pays choisies par le gouvernement, il sera procédé à des restitutions de terres dans un délai limité.

Si la personne spoliée ne veut pas de la terre, l'État lui propose un titre de trésorerie qui viendra à échéance avec une vente très bon marché de sa terre.
D'après les enquêtes, la grande majorité des déplacés (jusqu'à 80%) craignent de revenir sur leurs terres étant donné que les régions sont sous la domination du paramilitarisme et qu'il y règne un régime de terreur.

Ce qui précède montre que ce que l'on présente comme la restitution de parcelles de terre aux personnes spoliées par la violence cache justement la spoliation définitive de ces personnes.

La Loi sur les Terres est présentée dans les médias de masse pour ce qu'elle n'est pas.

En Colombie, les terres doivent être restituées aux déplacés ; mais ce n'est pas ce que vise la Loi sur les Terres. Premièrement : la Loi ne sera pas d'application dans l'ensemble du pays, mais uniquement dans les territoires désignés par le gouvernement (zones de consolidation paramilitaire-militaire). Les déplacés ne pourront donc pas effectivement aller vivre dans des zones dominées par leurs bourreaux.

Deuxièmement : La politique agricole de ce gouvernement s'inscrit dans la poursuite de la politique du gouvernement de Uribe, en ce sens qu'il s'agit d'une politique néolibérale, qui favorise la grande propriété, le capital étranger, la méga exploitation minière, les mono-méga-cultures, le démantèlement de la protection des paysans et du secteur national de l'agriculture contre les produits subventionnés des USA et de l'UE : une politique d'annihilation de la souveraineté alimentaire …


On va supprimer l'UAF (Unité agricole familiale) pour établir de grandes plantations sur les hauts plateaux. Davantage de terres seront dévolues aux multinationales étrangères. La Banque mondiale encourage la concentration des terres et préconise l'acquisition de titres comme étape préalable à la constitution de monopoles. L'acquisition de titres sur les terres est désormais encouragée par le gouvernement, alors qu'il l'a toujours rejetée ; il est évident qu'aujourd'hui, l'objectif est le transfert des terres des paysans vers le grand capital. Selon la Banque mondiale : "Il faut promouvoir la mobilité des droits de propriété."
La politique agricole du gouvernement de Juan Manuel Santos, qui est de favoriser la grande propriété et le ‘libre commerce’ implique la ruine de l'agriculture : un appauvrissement accru, davantage de déplacements en masse des populations, davantage de faim et de misère, dans un pays dont la majorité de la population vit déjà dans l'indigence.

En Colombie, 68% de la population vit dans la pauvreté et l'indigence. La concentration de la richesse est scandaleuse : la Colombie est le 11e pays dans le monde où l'inégalité sociale est la plus élevée (11e place selon le cœfficient de GINI), et est le pays où l'inégalité est la plus grande sur le continent américain. Il y aurait, selon les chiffres les plus cléments, 8 millions d'indigents et 20 millions de pauvres (4). Plus de 20.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de dénutrition aiguë (chiffres de l'UNICEF) ; sur 100 mères déplacées en cours de grossesse, 80 souffrent de dénutrition chronique (5). Simultanément, et corrélativement à cette misère, un seul banquier, Sarmiento Angulo, contrôle 42% du crédit national et déclare des revenus de 1.250 millions de dollars pour le dernier bimestre de 2009. (6)

Cette injustice sociale et cette misère vont s'accentuer avec la politique agricole du gouvernement de Santos, qui poursuivra les TLC et le ‘libre commerce’. L'article 53, qui se réfère à la politique agraire de l'administration de Santos, parle d'encourager la grande production entrepreneuriale… Elle soutient le modèle de la grande propriété et de l'extraction minière par les multinationales.
 Avec la Loi sur les Terres de Santos, il s'agit d'officialiser des changements de propriété : et plus (uniquement) par la spoliation, mais par la voie...disons "licite"... quel cynisme ! Après des centaines de massacres, et la création de zones de terreur militaire-paramilitaire, de zones de non retour, on cherche à créer une situation de non retour juridique.

On a caché la réalité terrible au sujet de la Loi sur les Terres de Santos.

C'est une loi qui va également mettre fin aux rares dernières lois sur la protection des petits paysans, comme l'UAF (Unité agricole familiale). L'UAF est une loi qui limite les terrains, qui empêche les dimensions exagérées.

 Voici ce qu'a déclaré le sénateur Jorge Enrique Robledo à ce sujet (7), lors du débat sur le projet de loi sur les terres, en séance plénière du Sénat, en septembre 2010 :

“Le président Uribe se plaignait de ne pas pouvoir créer d'exploitations de 45.000 hectares dans les plaines orientales : il se plaignait de ne pas pouvoir supprimer l'UAF, qui est une parcelle relativement petite de terre, et cela gênait M. Uribe (…) À l'article 69 (relatif à la politique agricole de l'administration de Santos), on lit que l'UAF (Unité agricole familiale)… sera supprimée (… ) ; c'était ce dont se plaignait Uribe…” 

Il faut dénoncer cette Loi des Terres pour ce qu'elle est : une étape fondamentale de la spoliation, la légalisation sans retour en arrière par la voie juridique.
Le terrorisme d'État en Colombie et le modèle minier de saccage de l'environnement et de spoliation des paysans, des indigènes et des afro-descendants se consolide avec Santos ; ce n'est pas pour rien que d'aucuns l'appellent “le nouvel administrateur des intérêts des USA et de l'UE en Colombie”. Le terrorisme d'État demeure la garantie d'éliminer les opposants au pillage.


NOTES :

1. “faux positifs”¹ : (Les faux positifs sont des assassinats d'enfants et de jeunes gens perpétrés par l'armée colombienne, qui médiatise ensuite leurs cadavres en les faisant passer pour des “guérilleros morts au combat” : http://www.falsos-positivos.blogspo...

http://www.rebelion.org/noticia.php...;;titular=terrorismo-de-estado :-el-caso-de-los-falsos-positivos-

 2. La plus grande fosse commune d'Amérique latine, une découverte dantesque qui ne suscite cependant pas le rejet international que mérite le régime colombien : plus de 2000 cadavres de disparus imputables à la force Omega du "Plan Colombie". (16) L'armée y aurait enterré des disparus depuis 2005 : http://www.publico.es/internacional...
 4. L'étude de la Misión para el Empalme de las Series de Empleo (MESEP), Pauvreté et inégalité 2009, a comptabilisé huit millions de Colombiens dans l'indigence et 20 millions de pauvres. Dans les zones rurales, sur 100 foyers, 65 sont considérés comme pauvres et 33 vivent dans l'indigence.http://www.abpnoticias.com/index.ph...;;task=view&id=2446&Itemid=90
http://www.elcolombiano.com/BancoCo...
5. En Colombie, plus de 20.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de dénutrition aiguë ; sur 100 mères déplacées enceintes, 80 souffrent de dénutrition chronique, UNICEF : http://www.elcolombiano.com/BancoCo...

http://colombia.indymedia.org/news/...

La Colombie, pauvre parmi les pauvres : http://alainet.org/active/33960&amp...;;=es
 
6. Sarmiento Angulo, l'entrepreneur le plus riche de Colombie est, avec la poignée d'oligarques parmi lesquels on distingue Ardila Lule et Santo Domingo, le grand promoteur de la néfaste “Sécurité" démocratique” du gouvernement Uribe, et, par hasard, Uribe a obéi à chacune de ses suggestions en un temps record de 24 heures, comme ce fut le cas lorsque Sarmiento Angulo proposa que “l'impôt pour financer la sécurité démocratique” soit permanent et qu'il s'applique à tous les Colombiens : aussitôt dit, aussitôt fait :http://www.lasillavacia.com/histori...

http://noticieroconfidencial.com/?p=11

Colombie : les revenus et les bénéfices des grandes entreprises sont en augmentationhttp://www.desdeabajo.info/index.ph...

Crise du modèle néolibéral et inégalité en Colombie (…)http://www.desdeabajo.info/index.ph...

http://www.portafolio.com.co/econom...

Publié le 15 février 2010 : Les revenus du secteur financier ont atteint les 8,5 milliards de dollars.http://www.elespectador.com/articul...
 
7. L'exposé du sénateur Jorge Enrique Robledo lors du débat sur le projet de loi sur les terres, pendant la séance plénière du Sénat du 21 septembre 2010, nous éclaire sur cette question :http://www.youtube.com/user/POLOMOI...

Source : Arlac
Image : Galerie des victimes à Popayan, Colombie. Cédric Rutter Investig'Action

miércoles, 24 de febrero de 2010

COLOMBIE : Face au comble de l´horreur la Colombie appelle à la solidarité. DÉCOUVERTE DE LA PLUS GRANDE FOSSE COMMUNE DU CONTINENT

24 février 2010


COLOMBIE : Face au comble de l´horreur la Colombie appelle à la solidarité. 

DÉCOUVERTE DE LA PLUS GRANDE FOSSE COMMUNE DU CONTINENT
Le recours aux paramilitaires est une stratégie de l’État. « Ils m’ont dit de couper le bras à une jeune femme, elle nous  implorait de ne pas le faire, disant qu’elle avait des enfants » dit le « para » Francisco Villalba. « Nous avons décapité (…) une stratégie pour semer la terreur », avoue l’autre, Éver Veloza alias « HH »
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Cette image est celle du terrorisme de l’État colombien et ses paramilitaires :
Il est urgent que la solidarité internationale se mobilise pour dénoncer l’État génocidaire.
La plus grande fosse commune de l’histoire récente d’Amérique vient d’être découverte en Colombie. La fosse commune contient les ossements d’au moins 2000 personnes, elle se situe dans la commune La Macarena, département du Meta. Plusieurs habitants avaient déjà alerté de nombreuses fois en 2009, en vain…puisque le Ministère Public n’a jamais procédé à des recherches. C’est la persévérance des parents de disparus et la visite d’une délégation britannique (syndicalistes et parlementaires britanniques) qui faisait des investigations sur la situation des droits de l’homme en Colombie, en décembre 2009, qui a permis de découvrir ce crime affreux perpétré par les forces militaires et paramilitaires d’un État qui leur garantit l’impunité. Un État qui pratique la terreur et les massacres pour rendre plus facile le pillage par les multinationales, en faisant disparaître et en réprimant ceux qui osent revendiquer leurs droits.
Il s’agit de la plus grande fosse commune du continent: Par centaines, par  milliers, des êtres humains y ont été ensevelis anonymement depuis 2005 par l’Armée qui occupe la zone. Pour trouver une fosse de cette ampleur, il faut remonter jusqu’au temps de la barbarie nazie : Son importance révèle que la pratique macabre des disparitions forcées, exercée par l’Armée et son outil paramilitaire, est encore plus horrible que nous ne le savions déjà. Le caractère génocidaire de l’État colombien exige de toute urgence une mobilisation de solidarité, afin que les hauts fonctionnaires criminels de l’État et des multinationales paient pour leurs crimes contre l’humanité.
Quand l’ampleur de la fosse a commencé à se révéler, Jairo Ramírez, juriste, secrétaire du Comité Permanent pour la Défense des Droits de l’Homme en Colombie qui accompagnait sur place la délégation britannique, témoigne : « Ce que nous avons vu a été une horreur (…) une infinité de corps, et en surface des centaines de panneau en bois peints en blanc avec l’inscription NN et des dates allant de 2005 jusqu’à aujourd’hui ».
Ramírez ajoute : « Le commandant de l’Armée nous avait dit que c’étaient des guérilléros tués au combat, mais les gens de la région nous disent qu’il s’agit pour la plupart, de responsables sociaux et syndicaux, de paysans et des défenseurs de communautés, qui tous avaient disparu sans laisser de traces ».
L’horreur de La Macarena rappelle à la Colombie et au monde entier, de quelle façon le nombre effrayant de fosses communes ainsi que leurs emplacements a été découvert durant ces dernières années et ces derniers mois. C’est suite aux déclarations de paramilitaires, qui, protégés par la « Loi de Justice et Paix », peuvent confesser leurs crimes et donner sans crainte les coordonnées des fosses ainsi que d’autres détails sur leur rôle en tant qu’outil de la sale guerre de l’État.
Le recours aux paramilitaires est une stratégie d’État, financée par l’État et les multinationales
Lors de ces audiences, les paramilitaires ont été très clairs (au cas où il subsisterait un doute) : ils font partie d’une stratégie de sale guerre de l’État et reçoivent également de l’argent des multinationales et des oligarques. Mais à vouloir donner trop de détails, et dénoncer que leur formation, leur armement, leur méthodologie et leur protection étaient assurés par l’État colombien, beaucoup d’entre eux ont été extradés vers les USA : c’est ainsi qu’ils se taisent sur l’implication des dirigeants de l’État et des multinationales responsables des massacres. C’est ainsi que l’on évite de trop mettre en lumière les noms de la grande oligarchie et des compagnies comme financeurs et créateurs de l’horrible phénomène paramilitaire. Bien qu’ils aient été réduits au silence, les paramilitaires extradés sont parvenus à dénoncer une évidence : Les paramilitaires sont un outil de l’État colombien, qui a été créé par la CIA et selon ses recommandations, avec des formateurs étatsuniens et issus du Mossad ; il est financé, pour l’exécution de ses massacres, par l’État, les grands propriétaires terriens et les multinationales (Repsol, BP, OXY, Chiquita…entre autres) (1). Les paramilitaires ont été créés pour neutraliser les mouvements de revendication sociale, sous tous ses aspects. C’est pour cela que la Colombie est le lieu le plus dangereux du monde pour y exercer l’activité syndicale ; que des dizaines de milliers de personnes ont disparu à cause de l’outil paramilitaire : pour faire taire les revendications.
La Loi « Justice et Paix » a été élaborée par l’État et créée par le président Uribe pour que ses paramilitaires puissent obtenir l’impunité ou des condamnations minimes en comparaison de la cruauté et de l’ampleur de leurs crimes : c’est grâce à cela, en échange de quelques coordonnées de fosses, et surtout en proclamant leur « repentir » que des centaines de parrains (maffieux) paramilitaires, auteurs de milliers d’assassinats, sont presque tous parvenus à échapper à la prison. Mais les grandes fortunes, nationales et multinationales, qui ont accumulé encore plus de capital grâce à ces massacres, sont toujours là sans être inquiétées.
L’impunité des multinationales est totale : cependant plusieurs d’entre elles (1) et leurs filiales ont été déclarées coupables par le Tribunal Permanent des Peuples. Elles sont coupables de promouvoir le para-militarisme et les pratiques génocidaires en Colombie : « Par leur participation en tant qu’auteures, complices ou instigatrices d’actions génocidaires, avec leurs méthodes particulières : assassinats des adhérents à un groupe (politique) ; graves atteintes à l’intégrité physique ou psychologique des adhérents du groupe ; soumission intentionnelle  du groupe à des conditions de vie qui entrainent sa destruction physique, totale ou partielle. Ces pratiques sont appliquées en particulier dans le processus visant à faire disparaître 28 communautés indigènes, à anéantir le mouvement syndical colombien et à exterminer le groupe politique Unión Patriótica (…) à cause de sa participation (…) à la commission des crimes contre l’humanité tels qu’assassinat, extermination, déportation ou déplacement forcé de population, emprisonnement, torture ; viols ; persécution d’un groupe ou d’une collectivité défendant son identité propre pour des raisons politiques et ethniques, crimes différents et kidnapping de personnes ».
Impunité pour les grands capitalistes, les multinationales et l’oligarchie : extrader signifie enterrer la vérité
Le cas des paramilitaires Mancuso (2) et Hebert Veloza (3) est révélateur : Ceux-ci vont être jugés aux USA pour des délits de trafic de drogues, et non pour des crimes contre l’humanité commis en Colombie. Faire sortir ces assassins du territoire colombien, condamne beaucoup de victimes à ne jamais connaître le lieu où ont été ensevelis leurs êtres chers disparus, puisqu’en première audience, ces parrains paramilitaires ne fournissent en général que des coordonnées imprécises de fosses. Dans des cas comme celui de Veloza, par exemple, qui avait reconnu au moins 3000 assassinats, il reste encore beaucoup de détails à révéler sur le lieu où se trouvent les victimes. Et le plus important n’a pas du tout été éclairci, l’extradition du prévenu ayant empêché qu’il en dise plus, ce qui prouve clairement que l’extradition a pour but d’occulter la vérité : l’État cherche à tout prix à éviter que les noms des auteurs haut placés des crimes  ne soient connus.
À la question sur le nombre de personnes qu’il a tuées, Hebert Veloza avait déclaré, à propos de ses activités entre 1994 et 2003 : « J’ai calculé que mes deux groupes ont assassiné 3000 personnes et peut-être plus. Nous en avons jeté beaucoup dans le (fleuve) Cauca ».
La dissuasion par la Terreur : décourager la revendication sociale, et dépeupler les vastes territoires
Veloza, alias HH, un des maffieux les plus sanglants parmi les paramilitaires des Autodefensas Unidas de Colombia [Autodéfenses Unies de Colombie] (AUC), avait dit avoir employé la « décapitation » pour terroriser les communautés. « Lorsque nous sommes arrivés à Urabá nous avons décapité beaucoup de gens, c’était une stratégie pour générer la terreur ». C’est la stratégie de « dissuasion par la Terreur » : elle est théorisée dans les manuels de contre-insurrection de l’État (une amabilité des USA), et elle consiste à susciter une grande panique. L’exécution des tortures et des démembrements sur la place publique paralyse le reste de la population… elle est conçue pour faire taire les revendications sociales, économiques, écologiques : elle « dissuade » la revendication « par la Terreur » et permet ainsi de déplacer des populations entières.
Chaque fois que le gouvernement parle de “dialogues” avec les paramilitaires au sujet de leur « démobilisation », les victimes qualifient ces « dialogues » de « monologues » : étant donné que le para-militarisme est une stratégie de l’État lui-même.
Bien exhiber le massacre, et en même temps couvrir les bénéficiaires de toute cette mort
L’extradition des paramilitaires est un salut pour les “cerveaux” de ces crimes, car cela empêche que la vérité totale soit connue. Ils font passer les paramilitaires aux USA pour qu’ils soient jugés pour des délits moindre que ceux comme les génocides qu’ils ont commis, et de cette façon la vérité est occultée, on tait les noms, les patronymes de l’oligarchie, de patrons, de directeurs et d’agents de multinationales, de parlementaires, de ministres et même…les noms de quelque président…
« À Urabá, Lorsque nous avons commencé, nous laissions le corps des morts sur place », expliquait Veloza, « Puis, au bout de quelque temps, les Pouvoirs Publics ont commencé à nous faire des remontrances et (ils nous ont dit) qu’ils nous laisseraient continuer à travailler, mais que nous devions faire disparaître les corps. À partir de ce moment nous avons creusé des fosses communes », a-t-il affirmé.
En se référant à l’Armée officielle de Colombie, Veloza condamnait : « Nous étions des illégaux, ils sont plus coupables que nous, parce qu’eux représentaient l’État ; ils étaient dans l’obligation de protéger ces communautés et ils nous utilisaient pour combattre la guérilla. Il est vrai que nous avons commis énormément d’homicides et nous devons en répondre, mais eux aussi doivent en répondre… »
Puis il ajoute : « Nous avons assassiné des gens tous les jours et dans toutes les communes de Urabá ». Ce sont dans les départements de Córdoba et d’Urabá, en 1998, que les AUC ont été constituées sous la tutelle de l’État colombien : elles ont totalement éliminé la population des nombreuses localités suspectées d’abriter des sympathisants ou des familles de guérilléros. Les paramilitaires ont également été engagés pour en finir avec les syndicalistes et les écologistes, afin de pouvoir implanter un modèle de « développement » économique dans des zones où il nécessite un déplacement rapide et massif des populations.
John Jairo Rentería, alias Betún, a été un des derniers paramilitaires à faire des aveux : Il a reconnu devant le procureur et les familles des victimes, que lui et ses paramilitaires ont enterré « au moins 800 personnes » dans la propriété Villa Sandra, à Puerto Asís, Putumayo. Il a expliqué leur méthodologie : « Il fallait démembrer les gens. Tous ceux des Autodéfenses devaient apprendre à le faire et très souvent nous le faisions sur des gens vivants ».
Le mouvement des victimes de Crimes d’État en Colombie, estime que plus de 50.000 personnes ont disparu, happées par l’outil paramilitaire de l’État, ou par la police et les militaires. Le Procureur Général de la Nation, lui-même, a été obligé de reconnaître 25.000 « disparus ». Les parents des disparus parcourent tout le pays chaque fois qu’une fosse est découverte, et c’est chaque fois la même douleur.
Jeter les victimes aux caïmans: l’horreur de la disparition totale
Il y a  en Colombie des fosses gigantesques : mais grâce à d’autres déclarations de paramilitaires et de victimes survivantes on sait aussi que les paramilitaires possédaient des propriétés où on élevait des crocodiles pour faire disparaître leurs victimes (quelquefois ils laissaient des survivants pour qu’ils aillent raconter ce qu’ils avaient vu dans les propriétés où l’on torturait). À San Onofre, Sucre, dans une propriété connue sous le nom de « El Palmar », le chef paramilitaire « Rodrigo Cadena » jetait les cadavres des victimes, et même des victimes encore vivantes, aux caïmans qui se trouvaient dans un bassin (4). C’est comme ça que les victimes de la torture étaient jetées aux caïmans. Beaucoup de personnes ont ainsi totalement disparu, jetés en pâture aux caïmans, ou jetés dans les fleuves ou à la mer, ou brûlés dans des fours crématoires.
Le gouvernement n’a pas la volonté d’aller jusqu’au bout des recherches, il laissera tout au plus révéler l’existence de quelques fosses seulement. De plus, cela demande du temps et les identifications, par tests chimiques et ADN,  présentent d’énormes difficultés techniques.
Combien de fosses peut-on retrouver ? Ce sont les paramilitaires qui donnent leurs coordonnées pour obtenir au moins un quart de remise de peine. Mais beaucoup d’êtres humains ont été totalement éliminés…
Salvatore Mancuso, par exemple, avait avoué que pour éviter la découverte du corps du leader indigène Kimi Pernía, il l’avait fait déterrer de la fosse et jeter dans le fleuve Sinú. D’autres paramilitaires racontent que pour cacher ses crimes, le même Mancuso avait ordonné d’enlever la terre d’une fosse située dans une propriété à Ralito, et de la vider de ses cadavres que son groupe avait remplis. Des enquêteurs disent qu’aujourd’hui, les « Aigles Noirs », héritiers des paramilitaires, déterrent le contenu de plusieurs fosses et le jettent dans les fleuves.
Les cours pour susciter la Terreur
Les témoignages de paramilitaires et les résultats des équipes de médecins légistes ont permis de conclure que les groupes d’Autodéfenses Unies de Colombie, non contents d’avoir élaboré une méthode d’équarrissage des êtres humains, ont poussé l’horreur jusqu’à son extrême limite : ils ont donné des « cours » en se servant de personnes vivantes emmenées dans leurs camps d’entraînement. Francisco Villalba, le paramilitaire qui avait dirigé sur le terrain les atrocités d’El Aro (Antioquia), où 15 personnes ont été torturées et massacrées pendant 5 jours, révèle les détails de ces « cours » : « Il s’agissait de personnes que l’on amenait en camions, elles étaient en vie et attachées (…) chacune était livrée à un groupe de cinq (…) les instructions étaient de leur couper un bras, la tête… de les découper vivantes ».
Les « cours d’équarrissage » servaient d’entraînement aux paramilitaires pour leur fonction bien spécifique: susciter la terreur dans la population, pour arriver à « dissuader par la terreur » et parvenir à déplacer les survivants qui avaient assisté aux massacres. C’est de cette façon que le grand capital est parvenu à déplacer de ses terres plus de 4 millions de personnes.
Le paramilitaire Villalba avait décris son parcours au Procureur, depuis ses débuts jusqu’à ses massacres : « Au milieu de l’année 1994, ils m’avaient fait participer à un cours au camp d’entraînement situé dans la propriété ‘’La 35’’, à El Tomate, Antioquia ». Il confirme qu’ils recevaient les instructions directement du haut commandement dont le « Doble Cero » (Carlos García). Villalba raconte que pour apprendre à découper les gens, ils kidnappaient des paysans et des personnes dans les villages voisins : « Sitôt débarqués du camion avec leurs mains liées, ils étaient enfermés pendant quelques jours dans un local, en attendant que débute l’entraînement ». Puis ils étaient répartis dans plusieurs groupes « et là on les découpait », expliquait-il à la commission d’enquête. « L’instructeur disait à un : ‘’ Vous, postez-vous ici et untel là-bas et assurez la sécurité de celui qui découpe. Chaque fois que l’on envahit un village et que l’on va découper quelqu’un, il faut assurer la sécurité de ceux qui font ce travail »…Les femmes et les hommes enfermés dans les locaux étaient ensuite menés en sous-vêtements, les mains liées, à l’endroit où l’instructeur donnait son « cours » : « les instructions étaient que nous devions couper le bras, la tête, les découper vivants. Ils pleuraient en suppliant qu’on les épargne, qu’ils avaient de la famille ». Villalba décrit : « On les ouvrait à partir de la poitrine jusqu’au ventre pour leur arracher les tripes, ceci s’appelait ‘’le dépouillage’’. On leur coupait les jambes, les bras et la tête. Ça se faisait soit à la machette soit au poignard. Pour le reste, c'est-à-dire le dépouillage, c’était fait à la main. Nous qui étions en apprentissage, nous leur arrachions les intestins. »
Selon Villalba, c’est l’entraînement qui l’exigeait, afin de « prouver son courage et apprendre comment faire disparaitre le corps de la personne ».  Puisqu’on procédait à ces exécutions dans la rue devant toute la population, il est clair que les pratiques d’équarrissage sur les gens avaient la fonction précise de terroriser. « À moi, ils m’ont dit de couper le bras d’une jeune femme, elle implorait de ne pas le faire, qu’elle avait des enfants ». Les corps étaient enterrés dans la propriété « La 35 » ;  d’après les calculs les fosses contenaient plus de 400 victimes (5).
Face à l’indifférence de l’État, les mères de la Candelaria creusent elles-mêmes
Le ministère public est très lent à faire ouvrir les fosses, il possède les coordonnées de plus de 4200 d’entre-elles et il n’en a pas cherché plus de trois cents, quant au test ADN des ossements, il a été effectué au compte-goutte, ce qui prouve le mépris de l’État envers les familles et les victimes. Le mépris de l'État qui prétexte un « manque de moyens », alors qu’il a endetté le pays pour payer les dépenses militaires et paramilitaires. C’est pour cela, que depuis début 2007, une délégation des « Madres de la Candelaria » [les Mères de la CandelariaNdT] avait tenu plusieurs réunions dans la prison, avec le chef paramilitaire Diego Fernando Murillo alias “Don Berna” ainsi qu’avec d’autres chefs paramilitaires (aujourd’hui extradés aux USA) et ceux-ci leurs avaient donné approximativement la localisation des fosses, dans la Comuna 13 San Javier de Medellin. Dès lors plusieurs familles avaient décidé de s’armer de pioches et de pelles pour aller déterrer leurs êtres chers. « Nous ne prétendons pas faire le travail qui revient au ministère public (…), mais sur la base de ce que nous ont dit ces messieurs (ces assassins), nous agissons pour notre propre compte et nous allons creuser (vers les quartiers de la Comuna 13 San Javier) pour voir si nous trouvons quelque chose. Souvent les paramilitaires ne veulent pas ou bien cela ne leur sert à rien d’avouer où se trouve telle ou telle personne, et ça ne leur convient pas de le dire aux juges, alors nous, nous leur disons : ‘’ discrets, dites-nous où se trouvent nos enfants et nous-mêmes, sans rien dire, nous irons les chercher.
La délégation britannique qui a visité la Colombie a entendu une multitude de témoignages au sujet des violations des droits humains et syndicaux, par rapport aux exécutions extrajudiciaires, aux déplacements forcés, aux kidnappings, à la criminalisation de l’opposition politique, aux montages judiciaires, à la spoliation de la terre des paysans au bénéfice des compagnies multinationales.
Dans ses conclusions, la délégation a déclaré : « Après avoir entendu de pareils témoignages, nous estimons que l’armée colombienne est responsable de la majorité des violations des droits humains contre la population civile », et que : « l’activité paramilitaire persiste, particulièrement dans les régions rurales, de même que les liens étroits entre les paramilitaires et l’armée sont une évidence.
Terrorisme d’État en Colombie:
* Au moins 50.000 personnes ont disparu (kidnappées et torturées) par les terroristes d’État, selon la logique de « dissuader de revendiquer par la terreur » (l’État cherche à ce que la terreur perdure, en faisant disparaître le corps, les survivants continuent ainsi à vivre dans l’angoisse)
* L’élimination physique de tout un parti politique, l’Union Patriotique (UP) ; plus de 5000 personnes de l’UPont été assassinées par l’État.
* Plus de 4 millions de personnes déplacées de leurs terres à cause des massacres des militaires et leurs paramilitaires, dans le cadre de la stratégie de l’État « Terre rasée », pour vider les champs de leur population et offrir aux multinationales des terrains qui dégagent de gros intérêts économiques, une fois débarrassés des habitants  et de leurs revendications.
6 millions d’hectares de terre ont été ainsi volés aux victimes déplacées, et offerts à des multinationales, à de grands propriétaires terriens, et à de nouveau chefs paramilitaires ; aujourd’hui le scandale de l’« agro ingreso seguro », vient confirmer encore la réalité de la spoliation des victimes (6).
Plus de 4200 fosses communes (dénoncées) emplies de milliers de cadavres de citoyens colombiens massacrés par les paramilitaires colombiens : ces derniers ont donné les coordonnées de quelques fosses afin de profiter de la « Loi de Justice et Paix », créée sous la direction de son parrain Uribe et élaborée spécialement pour donner l’impunité aux paramilitaires si ceux-ci proclament leur « repentir », une loi qui légalise l’usurpation des terres. En avril 2007, un an seulement après le début des recherches de fosses communes, le Ministère Public avait déjà reçu 3710 révélations de leur lieu ; mais la majorité d’entre elles n’avait pas pu être explorée, « fautes de moyens » selon l’État…
* Des milliers de cadavres y ont été retrouvés, mais l’État à déjà annoncé aux parents des victimes qu’il ne pourra pas faire pratiquer les analyses ADN de tous les corps « faute de moyens »… par contre lorsqu’il s’agit de payer les assassins et les bourreaux, là oui, il a eu les moyens et il les a toujours…
* Plus de 2649 syndicalistes assassinés.
Des milliers d’exécutions extrajudiciaires, dont le scandale des « faux positifs » : Les militaires kidnappent de jeunes garçons et filles, ils les déguisent en guérilléros et ils les assassinent. Ensuite ils présentent les cadavres aux mass-médias, qui se chargent d’achever le montage dans sa partie médiatique ; en Colombie les médias de masse ne font pas d’investigations, ils donnent pour vrai ce que leur disent les sources militaires. Les militaires agissent ainsi pour « montrer des résultats » dans leur guerre anti-insurrection, et ça leur sert à assassiner les civils qui les gênent. En Colombie, la médiatisation des morts supposés être des guérilléros est absolument macabre : Ils exhibent des corps alignés, à moitié nus, avec les militaires qui les remuent avec leurs bottes…Ils modèlent ainsi l’opinion publique en lui inculquant que les guérilléros sont déshumanisés.
Plus de 7500 prisonniers politiques, dont beaucoup d’entre eux sont victimes de montages judiciairescontre les militants sociaux.
Des centaines d’auto-attentats (7) une autre forme de « faux positifs » de la part des forces de police et militaires qui ont posé des bombes en plein centre de Bogota, pour créer la base d’un montage médiatique alimentant le discrédit des FARC. C’est au nord de Bogota, près de l’École Militaire José María Córdoba, que s’est déroulé l’un des plus grossiers auto-attentats : au passage d’un camion militaire, un véhicule piégé avait explosé, tuant un éboueur et blessant dix militaires. Soupçonnés d’auto-attentat, certains militaires sont « interrogés »…interrogés en tant qu’« individus », et non comme acteur conscient d’une stratégie d’État…
La violence de l’attaque du grand capital provoquée par l’angoisse de perdre la Colombie en tant que « caverne d’Ali Baba » de grande valeur, a créé et maintenu en vie ce monstre qu’est devenu aujourd’hui l’État colombien.
Cela ferait longtemps que cet État criminel n’existerait plus sans l’« aide » massive des USA et de l’UE, sans la dette dont on a chargé le peuple colombien pour financer les dépenses militaires, et sans la stratégie paramilitaire de terrorisme d’État. Sans ses soutiens militaires et médiatiques, l’État colombien n’aurait pas pu perpétrer cette barbarie ; et le peuple colombien aurait pu obtenir sa véritable indépendance, être délivré de toute cette cupidité, de tous ces morts, de toute cette douleur.
Auteur : Azalea Robles
Traduction : Esteban
Révision : Michèle Mialane (Tlaxcala)
NOTE:
Les entreprises suivantes et leurs filiales, ont été déclarées coupables de fomenter le para-militarisme et les actions génocidaires en Colombie :
Coca Cola, Nestlé, Chiquita Brands, Drummond, Cemex, Holcim, Muriel mining corporation, Glencore-Xtrata, Anglo American, Bhp Billington, Anglo Gold Ashanti, Kedhada, Smurfit Kapa – Cartón de Colombia, Pizano S.A. et sa filiale Maderas del Darién, Urapalma S.A., Monsanto, Dyncorp, Multifruit S.A. filiale de la transnationale Del Monte, Occidental Petroleum Corporation, British Petroleum, Repsol YPF, Unión Fenosa, Endesa, Aguas de Barcelona, Telefónica, Canal Isabel II, Canal de Suez, Ecopetrol, Petrominerales, Gran Tierra Energy, Brisa S.A., Empresas Públicas de Medellín, B2 Gold – cobre y oro de Colombia S.A.
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Source: Kaosenlared- “
Colombia, en el paroxismo del horror, clama solidaridad
Article publié le 28 janvier 2010


http://letacle.canalblog.com/archives/2010/02/24/17031081.html